Un an après leurs débuts remarqués, les trois membres de Big Ocean reviennent avec Underwater, un second mini-album à l’esthétique sombre et magnétique. Porté par une symbolique puissante, ce projet signe une mue artistique pour ce groupe K-pop hors normes, composé exclusivement d’artistes malentendants.

Le 20 avril 2025, Big Ocean célèbre son premier anniversaire de carrière avec Underwater, un mini-album qui marque un tournant majeur dans leur parcours. Si leur premier opus, Follow, exprimait l’élan de la jeunesse et une fraîcheur solaire, Underwater assume un virage plus mature, explorant les tréfonds de l’âme et des émotions humaines. Avec pour fil rouge la figure du triton — cet être mi-homme, mi-poisson, souvent tiraillé entre deux mondes — le trio donne vie à une allégorie poignante du dépassement de soi.

Chanyeon, rappeur principal de Big Ocean © Parastar Entertainment

Formé de PJ (chanteur principal, anciennement nommé Hyunjin), Jiseok (danseur principal) et Chanyeon (rappeur principal), Big Ocean défie les conventions de la scène K-pop : tous trois vivent avec différents degrés de surdité, mais se produisent avec une maîtrise bluffante du chant, de la danse et de la langue des signes. Leur secret ? Des technologies de pointe — montres vibrantes, flashs visuels, intelligence artificielle pour le traitement vocal — mais surtout, une passion viscérale pour la scène.

Dans Underwater, les morceaux SINKING, FADE OUT, Attention (titre phare) et End of Time dessinent une trajectoire narrative précise : celle d’une chute, d’une prise de conscience, d’un éveil instinctif, puis d’un renouveau. Le tout compose un mélodrame aquatique où chaque titre semble nous tirer un peu plus loin vers les profondeurs — jusqu’à ce que l’on s’y sente chez soi.

PJ, chanteur principal de Big Ocean © Parastar Entertainment

Plongée dans les titres d’Underwater :

  • SINKING – La douleur de l’immersion
    Le voyage débute par une lente descente. SINKING capte la lutte intérieure de celui qui tente désespérément de rester à la surface, en se conformant aux attentes de l’autre. C’est un morceau empreint de mélancolie et de tension, où la sensation de perte progressive s’accompagne d’un refus de lâcher prise. La production sonore évoque une dérive, entre nappes synthétiques et battements étouffés, comme un cœur sous pression.
  • FADE OUT – Le silence intérieur
    Ici, la chute devient acceptation. FADE OUT est un morceau plus introspectif, presque épuré. En s’éloignant du bruit extérieur, les artistes se recentrent sur leur propre voix. C’est un moment de révélation, où la clarté surgit du silence. La structure du morceau joue sur les contrastes : des couplets minimalistes, suivis de refrains plus enveloppants, comme une conscience qui s’éveille lentement.
  • Attention – L’appel instinctif
    Titre phare de l’album, Attention marque un tournant : c’est l’instant où le triton accepte pleinement sa nature. La chanson dégage une sensualité assumée, avec une ligne mélodique captivante et des basses ondoyantes. Le morceau appelle l’auditeur à plonger sans résistance, à se laisser porter par les courants émotionnels. C’est aussi une démonstration de confiance retrouvée, de pouvoir personnel.
  • End of Time – La renaissance sous la lune
    Dernier acte du voyage, End of Time est une balade lumineuse, presque cinématographique. Sous un clair de lune imaginaire, les protagonistes dansent, se retrouvent, et jurent fidélité au-delà du temps. Les harmonies vocales et la rythmique douce offrent une sensation de paix retrouvée, comme une promesse faite à soi-même. La boucle est bouclée : ce qui était peur devient force, ce qui était noir devient espace.
Jiseok, danseur principal de Big Ocean © Parastar Entertainment

Une escale très attendue en France

Dans le cadre de leur premier tournée européenne, Big Ocean posera ses valises en France pour deux concerts à Paris et à Montpellier, respectivement les 26 et 27 avril 2025 (pour plus d’infos, c’est par ici). Cette date s’annonce comme un moment fort, tant le groupe y bénéficie déjà d’une communauté de fans active et fidèle. Leur venue promet une expérience inédite où se mêleront musique et langue des signes. Une occasion rare de vibrer autrement et de célébrer une pop inclusive qui résonne au-delà des sons.

Avec Underwater, Big Ocean confirme qu’il ne s’agit pas d’un simple phénomène médiatique mais d’un véritable projet artistique, riche de sens et d’innovation. En explorant la figure du triton comme métaphore de leur propre parcours, les trois membres livrent un album aussi personnel qu’universel, où la vulnérabilité devient puissance. Le groupe s’impose ainsi comme un symbole de résilience, mais surtout comme un acteur à part entière de la scène K-pop contemporaine, capable de renouveler ses codes avec audace et profondeur.

À l’image de leurs performances en langue des signes et de leur recours aux technologies d’accessibilité, Big Ocean ne se contente pas de représenter l’inclusion : il la transforme en esthétique. Et si Underwater nous apprend une chose, c’est que parfois, il faut cesser de nager à contre-courant, et plonger en soi pour enfin respirer.

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Posted by:Marie-Line El Haddad

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