Ce n’est pas un défilé que Jonathan Anderson a imaginé pour Dior, mais une traversée de l’inattendu. Dès les premières minutes, le regard est happé par des détails qui déstabilisent à l’instar d’un nœud géant posé là où on ne l’attend pas ou de la combinaison d’une robe et d’un accessoire très peu conventionnelle. Rien ne se déroule comme prévu et chaque passage invite à regarder autrement, à accueillir l’étrange sans titiller. Anderson ne cherche pas à réconcilier passé et présent, il préfère brouiller les pistes, ouvrir des portes vers des territoires inconnus et expérimenter le temps et les dimensions, tout simplement.

À mesure que la collection se dévoile, une impression de décalage s’installe. La multiplication des gestes créatifs introduit une forme de jeu, une liberté nouvelle dans la lecture du vêtement. Le regard est invité à ralentir, à s’arrêter sur une couture déviée, un motif qui bifurque, une association de couleurs qui surprend. Si certaines coutures peuvent paraître singulières dans le monde réel, dans l’imaginaire, elles ne le sont pas.
En acceptant le réfutable, le créateur invite à la curiosité, à l’ouverture, à l’interprétation. Il faut dire qu’il n’est pas toujours facile de se renouveler saison après saison, et la difficulté est d’autant plus grand lorsque l’on se cantonne à quelques diktats stylistiques.

Ce choix de l’étrangeté et du déplacement traduit ainsi une envie de sortir des cadres, de renouveler les habitudes visuelles, de refuser la facilité des citations ou des hommages attendus. Anderson ne propose pas de solutions toutes faites, il préfère ouvrir des brèches, inviter à repenser ce que l’on croit connaître. Dans la même veine inutile d’y voir une collection cherchant à rassurer ou à imposer une direction unique. La surprise est sa seule énergie.
Le rêve de Dior n’a, de ce fait, rien d’une fuite, mais plutôt une manière parallèle d’habiter le réel, de s’y déplacer avec souplesse, d’accueillir des styles que l’on pensait incapables d’évoluer. Quoi qu’on en dise, et ce, sans que Dior ait particulièrement brillé lors de cette présentation, Anderson a au moins eu le mérite de redonner à la couture son pouvoir de suggestion et d’émotion.
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