Lors de la semaine de la Haute Couture à Paris en début d’été, Balenciaga a dévoilé sa collection Automne/Hiver 24/25, marquant une nouvelle étape dans l’exploration des subcultures au sein de la haute couture. Cette quatrième collection haute couture de Demna Gvasalia est décrite comme “sa plus subversive dans son rejet de la formalité et des raffinements typiques du métier”. Elle fut accompagnée de la présence de certaines égéries de la marque comme Lee Juyeon (bientôt en tournée européenne avec son groupe, THE BOYZ), et une poignée d’autres invités.









Balenciaga et son Rapport aux Subcultures
Fondée en 1917 par Cristóbal Balenciaga, la maison Balenciaga incarne l’innovation et la rupture avec les conventions établies. Dès ses débuts, Balenciaga révolutionne la mode avec des silhouettes audacieuses et des formes sculpturales redéfinissant les contours du corps féminin. Contrairement à certaines maisons de couture plus traditionnelles et élitistes, Balenciaga se positionne souvent à l’avant-garde, embrassant des influences variées et parfois subversives.


Sous la direction artistique de créateurs tels que Nicolas Ghesquière, aujourd’hui directrice créatif chez Louis Vuitton, et Demna Gvasalia, la marque continue de fusionner le patrimoine classique avec une irrévérence contemporaine, intégrant des éléments de la culture de rue et des subcultures dans ses collections. Cette approche permet à l’enseigne espagnole de demeurer pertinente et de séduire une clientèle jeune et diversifiée, tout en défiant constamment les attentes et les normes de la haute couture.




Collection 24/24 : Un Nouveau Chamboulement
Lors de la collection présentée à Paris il y a trois semaines, Demna reprend les manches 3/4, les formes cocon et les coiffes élaborées de Cristóbal Balenciaga, mais au lieu du gazar et d’autres tissus traditionnels, il utilise des matériaux de sa propre pratique des dix dernières années : denim, cuir, survêtements et vêtements techniques, ainsi que le hoodie, bien sûr.

“Je veux créer une fusion ou un hommage à mon vocabulaire personnel en tant que designer, en tant que subculture… mais je dois apporter cet équilibre avec Cristóbal, évidemment, parce que ça reste de la couture.”








La collection présente des mashups, tels qu’un t-shirt gris oversize sculpté et un jean délavé ample conçu pour ressembler à une veste nouée autour de la taille, agrémentés d’un chapeau en forme de soucoupe. Un manteau noir, un survêtement gris et une chemise de bûcheron reçoivent tous le même traitement et des bottes pointues pour ponctuer le tout.







“Je pense qu’il est important d’apporter ces textures dans la couture pour que ce ne soit pas seulement du satin et du tulle, mais d’autres matériaux qui doivent faire partie du vocabulaire de la couture, du moins dans mon travail.”







Les t-shirts de metal head, peints à la main à l’huile, sont portés par des membres de la distribution de Balenciaga jouant les rôles de rockeurs. Une robe colonne est fabriquée à partir de sacs en plastique fondus moulés sur le corps, et une robe bustier est construite avec du papier d’aluminium doré.
Une invitation à repenser la manière dont nous attribuons de la valeur aux vêtements et pourquoi nous considérons une chose et non une autre comme précieuse.


Balenciaga et la Haute Couture : une Question de Légitimité
La collection Automne/Hiver 24/25 de Balenciaga, présentée lors de la semaine de la Haute Couture à Paris, suscite des réflexions profondes sur la place de la maison dans cet événement traditionnellement élitiste. La Haute Couture, par essence, est un domaine réservé à une élite, caractérisé par des créations uniques, faites sur mesure, et souvent inaccessibles au grand public.
En revanche, la Fashion Week, bien que prestigieuse, se veut plus inclusive, présentant des collections de prêt-à-porter destinées à une audience plus large. Cette collection n’avait-elle donc pas davantage sa place à la Fashion Week ?


La décision de Demna Gvasalia de dévoiler cette collection subversive durant la semaine de la Haute Couture plutôt que lors de la Fashion Week constitue en soi un acte de rébellion. En intégrant des éléments de la culture urbaine et des subcultures dans des créations de haute couture, Demna défie les conventions et les attentes de ce milieu exclusif.



Cette collection, avec ses t-shirts de rock peints à la main, ses jeans délavés et ses manteaux en fausse fourrure, redéfinit ce que signifie la haute couture.
La présence de Balenciaga à la semaine de la Haute Couture est-elle justifiée ? Pour beaucoup, absolument. En repoussant les limites de ce qui est considéré comme de la haute couture, Balenciaga non seulement mérite sa place, mais enrichit également le dialogue autour de ce que la haute couture peut et doit être.
La collection de Demna Gvasalia, bien que subversive, respecte profondément l’héritage de Cristóbal Balenciaga tout en apportant une vision contemporaine et audacieuse.
En fin de compte, cette rébellion stylistique ne fait que renforcer la pertinence et l’importance de Balenciaga dans le paysage de la haute couture moderne. Ce qui en est moins sûr des nouvelles collections d’accessoires.





Découvrez en exclusivité les invités des défilés lors de l’édition de l’été 2024 de la Semaine de la Haute Couture de Paris à travers les clichés teintés de vintage de notre intrépide Xue et la DL Team en direct de Paris.
Couverture et photographie : Demona Lauren & Xue (DL Team)
