La 19e édition du Festival du Film Coréen à Paris a démarré le mardi 29 octobre 2024 avec la projection de « Handsome Guys » de Nam Dong-Hyub. Cette comédie horrifique, mettant en vedette l’acteur Lee Hee-Joon et produite par Kim Won-Kuk (Hive Media Corporation), a immédiatement séduit le public par son humour aussi étrange que décalé.

« Handsome Guys » est une adaptation du film canadien « Tucker and Dale fightent le Mal ». L’histoire suit deux amis qui achètent une cabane isolée pour y mener une vie simple et rustique. Cependant, l’arrivée d’un groupe de jeunes étudiants, venus pour faire la fête dans les environs, mène à une série de malentendus qui se soldent par des morts mystérieuses près de leur cabane. En ajoutant une dimension ésotérique et surnaturelle, Nam Dong-Hyub réinvente cette comédie gore en l’adaptant pour la première fois au cinéma coréen.

Nous avons eu l’opportunité de rencontrer le réalisateur lors de sa venue en France, pour échanger sur ses sources d’inspiration, le processus de création du film et sa réception dans différents pays.

© Hive Media Corporation – De gauche à droite : les acteurs LEE Hee-Joon et LEE Seong-Min dans le film
  • « Handsome Guys » est un remake de « Tucker and Dale fightent le Mal ». Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir ce film pour votre premier long-métrage ?

Depuis mon enfance, j’ai toujours été attiré par la comédie, et j’ai immédiatement apprécié ce film lorsque je l’ai découvert. En 2018, alors que j’étais assistant réalisateur pour le film « High Society », le producteur m’a approché et m’a demandé si je souhaitais réaliser mon propre film, et lequel j’aimerais adapter. Ce film m’est venu à l’esprit, et je me suis interrogé sur la manière dont je pourrais le revisiter dans une perspective coréenne. Je lui ai présenté l’idée, il a visionné le film original et l’a validée. C’est ainsi que notre collaboration a débuté.

  • Votre film est une première dans le genre de la comédie horrifique en Corée. Pourquoi avoir choisi d’explorer ce genre spécifique ?

Avec « Handsome Guys », je savais que les références dans le genre étaient rares en Corée, ce qui m’inquiétait un peu. Si vous regardez le film original, vous verrez qu’il repose uniquement sur des malentendus et des quiproquos, sans aucun élément surnaturel. Reprendre exactement cette structure aurait rendu l’intrigue trop prévisible. J’ai donc voulu ajouter une touche avec un esprit maléfique présent dans la cabane, pensant que cela apporterait un aspect comique supplémentaire. C’est en intégrant cet élément que j’ai réalisé le potentiel du film et que j’étais persuadé qu’il pourrait trouver son public.

  • L’ajout d’un élément ésotérique et surnaturel est-il votre manière de rendre ce film plus « coréen » ?

Pas exactement. Je ne dirais pas que l’élément ésotérique est particulièrement coréen, c’est même plutôt typique des films américains. Mon but n’était pas de donner au film une identité coréenne marquée, mais plutôt de le rendre plus abouti. Je me suis inspiré de films comme « Evil Dead », où l’on retrouve une cabane et un esprit maléfique. Ce n’est donc pas une intention de « coréaniser » l’histoire, mais plutôt d’ajouter un élément de complexité.

  • Avec un titre comme « Handsome Guys », vous semblez jouer avec les préjugés liés à l’apparence. Pourquoi ce choix ?

Cet aspect est déjà présent dans « Tucker and Dale fightent le Mal » : deux personnages bien intentionnés sont discriminés à cause de leur apparence, les jeunes les prenant pour des tueurs dès qu’ils les voient. Ce thème des préjugés basés sur l’apparence est universel, c’est quelque chose que l’on retrouve dans de nombreuses cultures et qui, je pense, peut parler à tout le monde.

© Marie-Line El Haddad – De gauche à droite : l’acteur LEE Hee-Joon et le réalisateur NAM Dong-Hyub à Paris
  • Le ton comique du film est unique. Comment avez-vous travaillé avec les acteurs pour atteindre ce style ?

Merci pour le compliment ! C’est vrai que le style du film est très influencé par le cinéma hollywoodien et hongkongais des années 80 et 90, des influences qui me sont chères. Bien que ce soit un style un peu rétro, il semble aussi plaire aux jeunes générations, ajoutant un côté rafraîchissant à l’ensemble.

  • Y a-t-il eu des scènes improvisées ?

Le scénario et les storyboards étaient très détaillés, laissant peu de place à l’improvisation. Mais certaines scènes ont pris vie de manière imprévue, comme celle où Sang-Gu danse, qui était prévue sans chorégraphie. L’acteur s’est beaucoup investi et a donné une dimension unique à cette scène. De même, pour la scène où le policier renaît en zombie, l’acteur Park Chi-Wan a préparé ses mouvements de façon inattendue, allant jusqu’à s’entraîner dans un studio de danse. Il a même préparé plusieurs versions de son personnage, ce qui démontre l’engagement des acteurs.

  • Avez-vous remarqué des différences dans la réaction du public coréen et international, notamment français ?

Globalement, le public rit aux mêmes moments, à 70-80 %. Mais il y a environ 20 % de différence selon les cultures. Par exemple, dans la scène où un personnage évoque le syndrome de Stockholm, le public coréen prend quelques secondes pour réagir, tandis que le public occidental comprend immédiatement et rit plus vite. La lecture des sous-titres influence aussi le rythme des rires. Enfin, la reconnaissance des acteurs joue un rôle : une scène avec IM Won-hee provoque un rire spontané en Corée, mais en France, où il est moins connu, l’effet est plus atténué. C’est comme si un acteur iconique, comme Mr Bean ou Audrey Tautou, apparaissait dans une situation absurde, créant une réaction différente selon la culture.

Retrouvez toute la programmation de la 19e édition du Festival du Film Coréen à Paris en cliquant ici.

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Posted by:Marie-Line El Haddad

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