Sony Pictures renforcé sa présence sur le marché des licences pop‑culture en acquérant les droits d’adaptation de Labubu, le lapin elfique aux dents acérées signé par l’artiste hongkongais Kasing Lung, le 17 novembre dernier. Né dans la sphère du jouet de collection et propulsé par la vague K‑pop, le personnage s’apprête désormais à quitter les étagères des collectionneurs pour rejoindre le grand écran, dans un long‑métrage live action encore à ses tout débuts.
Issu de la série “The Monsters”, produite par le toymaker chinois Pop Mart, Labubu n’est pas un nouveau venu. Le personnage apparaît dès 2015, mais c’est au cours des derniers mois qu’il bascule du statut d’objet de niche à celui de phénomène global. Sa silhouette immédiatement reconnaissable, un petit être aux allures de lapin, à la fois enfantin et vaguement inquiétant, a trouvé un écho particulier auprès d’un public qui navigue entre kawaii, goth et culture internet.

Cette reconnaisance globale doit beaucoup à une série de soutiens de célébrités, notamment du côté de la scène K‑pop, qui ont transformé le jouet en accessoire de style et en symbole de fandom. Le modèle de vente a également joué un rôle clé : Labubu est commercialisé en “blind box”, ces boîtes mystère où l’on ne découvre la figurine qu’au moment de l’ouverture. Ce système, qui mêle hasard, collection et rareté, a alimenté un marché secondaire surchauffé, où certaines pièces s’échangent à des prix largement supérieurs à leur valeur initiale.

C’est dans ce contexte que Sony choisit de sécuriser les droits cinéma de la licence. Le projet n’en est qu’à un stade extrêmement embryonnaire, puisqu’aucun producteur ni casting n’a encore été annoncé, et le studio n’a pas souhaité commenter l’acquisition. L’intention, toutefois, est claire : développer un film live action qui explore les dimensions fantastiques et aventureuses de l’univers de “The Monsters”. Labubu, décrit comme un mélange d’innocence enfantine et de malice anarchique, offre un terrain de jeu fertile pour un récit qui pourrait osciller entre conte sombre, aventure familiale et fable contemporaine.

Au‑delà du simple projet de film, cette acquisition s’inscrit dans une dynamique plus large, qui est celle de la connexion entre des propriétés intellectuelles nées en Asie et la machine hollywoodienne. En misant sur Labubu, Sony parie sur la capacité de la marque à rester pertinente le temps que le film voie le jour, un processus qui s’étend sur plusieurs années, et à rassembler un public suffisamment large pour justifier, potentiellement, la création d’une franchise.
Pour Pop Mart et Kasing Lung, l’enjeu est tout aussi stratégique. Il s’agit de faire passer un personnage issu du monde du jouet et de la collection dans un autre registre, celui du récit cinématographique, avec tout ce que cela implique en termes de mythologie, de storytelling et de merchandising, encore une fois. Si le pari est réussi, Labubu pourrait rejoindre la courte liste des figures nées du design d’objet avant de devenir des icônes de l’écran, confirmant au passage que la prochaine grande franchise familiale pourrait bien venir d’une blind box plutôt que d’un comic book.
Collaboration presse officielle
