Aujourd’hui nous avons rencontré Tanguy Ngafaounain-Tabissi, juriste et entrepreneur, qui a crée le projet Blacknetwork pour permettre aux africains et afro-descendants de se créer un réseau et de financer leur projets.
Site web:
http://www.blacknetwork.fr mais le site sera finalisé cet été.
INSTAGRAM:
@Tanguy2bangui (je n’ajoute pas les personnes dont je ne peux pas voir les visages).
D’ou viens tu? et ou vis tu actuellement?
Je suis né en République Centrafricaine à Bangui. Je suis venu en France au milieu des années 80 en banlieue orléanaise, puis mes parents ont déménagé dans les Yvelines où je vis encore actuellement.
Quelle est ta formation?
J’ai eu un baccalauréat littéraire avant de m’inscrire à la fac de droit de Versailles. J’y ai obtenu (un peu laborieusement je dois le reconnaitre) un master en droit de la santé.
Je travaille actuellement en tant que juriste pour une organisation qui fait du « lobbying » pour l’amélioration des droits des malades.
Comment est née l’idée de créer BlackNetwork?
Il y a plusieurs choses.
Blacknetwork est née en 1er lieu de la volonté d’être utile à nos prochains. Pour ma part, c’est quelque chose qui m’a toujours tenu à coeur. J’ai donc toujours été engagé dans l’associatif. En tant que juriste, j’ai d’abord été impliqué dans une association qui s’appelle « droits d’urgence » qui permet aux personnes les plus défavorisées de bénéficier d’une aide juridique. En tant que centrafricain j’avais créé une association de jeunes qui mettait en oeuvre des actions en faveur du développement de la RCA. Je suis d’ailleurs toujours impliqué dans ce type d’initiatives. Enfin en tant que membre de la diaspora je suis proche des mouvements panafricains et des différentes associations qui souhaitent oeuvrer à « l’empowerment » des africains et afro descendants à travers le monde.
En 2nd lieu, de manière plus précise, BlackNetwork est née de l’idée que :
– l’argent étant le nerf de la guerre dans notre société, il est fondamental de contribuer à l’épanouissement économique des africains et afro-descendants qui sont bien souvent défavorisés de ce point de vue
– notre société fonctionne en réseau. Or, nous sommes désorganisés. La communauté regorge de compétences diverses et utiles mais malheureusement il n’existe pas suffisamment de connections entre nous.
Quelles sont vos missions principales?
Connecter et contribuer. Je m’explique :
Blacknetwork est un réseau de solidarité et d’affaires. Notre action consiste à créer des liens entre nos membres par le biais d’un annuaire et en organisant des événements networking.Les principales rencontres ont pour objet de transmettre des : « clés de la réussite ». A l’occasion de celles-ci, nous invitons une personne qui a connu une certaine réussite dans son domaine d’activité afin que nous puissions nous inspirer de son témoignage et obtenir des conseils pour réussir dans nos domaines respectifs. On a reçu dans ce cadre des entrepreneurs, médecins, avocats…
A coté de ça, nous soutenons les entrepreneurs de notre réseau et aidons nos membres dans leurs démarches pour une meilleure insertion professionnelle.
Quel est ton avis sur la diaspora noire de France?
La diaspora recouvre des réalités très diverses. On peut constater des comportements différents chez les gens d’Afrique centrale, de l’ouest et chez les antillais.
Le reproche qui revient souvent consiste à dire que les noirs ne sont pas solidaires. Ce n’est pas quelque chose que j’ai vérifié dans mon entourage immédiat mais c’est peut être vrai au niveau de la communauté au sens large. Il n’y a peut être pas assez de liens entre les différentes communautés afro caribéennes. J’ai tout de même le sentiment que ces dernières années ont marqué un tournant. A titre personnel, c’est peut être à l’occasion de la mobilisation consécutives aux propos de Guerlain menée notamment par la Brigade Anti Negrophobie que j’ai pu constater la volonté de ne plus se laisser marcher dessus.
Ces réactions sont désormais plus visibles grâce aux réseaux sociaux.
Ce qui est encourageant c’est que les nôtres ne se contentent pas de réactions lors d’attaques mais prennent des initiatives pour s’organiser, se soutenir et créer de la valeur.
En tant que groupe, la marge de progression est encore importante pour que nous devenions une communauté organisée et solide mais l’observateur attentif en voit les prémices. Nous sommes sur la bonne voie. Je suis optimiste. Sur plan du développement économique, Blacknetwork n’est pas une initiative isolée, loin de là. D’autres associations oeuvrent également dans des domaines différents (culturels, politiques, spirituels…).
Qu’est ce qu’il y a de plus difficile dans la création de ce projet?
L’incompréhension des membres de la communauté qui te disent que c’est raciste de travailler entre noirs à notre épanouissement économique. La mentalité F.U.B.U (For Us By Us) n’est pas très développée en France. On a passé du temps, les premières années à expliquer notre démarche et à tenter de convaincre que l’amour des siens n’est pas la haine des autres.
Ta marque de vêtement préférée?
Je n’ai pas particulièrement de marque préférée mais j’aimerais citer quelques marques de vêtements que j’apprécie beaucoup.
– Soul and Roots qui fait des vêtements avec du WAX
– DWN TWN en sportswear
– NEFER pour les costumes
Ton magazine préféré?
Il faut lire régulièrement le journal NEGUS!!! La presse indépendante noire https://negusjournal.com/. J’espère que tu as pris ton abonnement.
Ta paire de chaussure préféré?
Les chaussures dans lesquelles des suis le plus à l’aise sont les conserve all-stars
Qu’est ce que tu écoutes en ce moment?
« Comin’ from where I’m from » d’Anthony Hamilton.
En général j’écoute beaucoup de rap français et particulièrement Lino d’Ärsenik qui a vraiment une plume à part.
En rap américain, j’écoute souvent 2 Pac et particulièrement le morceau « changes » qui me donne littéralement des frissons.
En pop, j’ai beaucoup écouté ces derniers temps, le featuring d’Ed Sheeran et Beyonce sur le remix de « perfect ».
Quels sont tes prochains projets ?
Top secret pour l’instant mais je t’en parlerai très bientôt, ça va faire du bruit!!!
Ton petit mot de la fin?
D’abord, je te remercie de l’intérêt que tu portes à notre projet et je terminerai par une citation d’Eric Thomas comme un conseil à chacun: « Forget about your past, make the rest of your life, the best of your life ».